CSA : les JO de Paris 2024 comme moteur de l’évolution vers la « TNT UHD »

Le CSA s’intéresse dans une note aux enjeux et opportunités pour le secteur de l’audiovisuel des JO de Paris 2024. Il  revient dans un premier temps sur le rôle historique des médias audiovisuels dans le rayonnement des Jeux, avant d’examiner leur impact économique pour le secteur audiovisuel (audiences, droits de retransmission…).  Compte tenu de « l’attractivité particulière de la diffusion des contenus sportifs en UHD », le CSA affirme que les Jeux de 2024 « pourraient être un moteur essentiel de l’évolution de la plateforme TNT ». Enfin, il appelle les médias audiovisuels à participer au rayonnement de la compétition, par leur puissance de communication, et ce bien en amont de l’évènement.

 

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a publié en début de semaine une note ayant pour « objectif de documenter les enjeux relatifs à l’exposition médiatique des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 et d’identifier les opportunités économiques de la tenue de ces Jeux en France pour les médias audiovisuels français ». Premier constat : les chaînes déboursent de plus en plus pour les droits télévisuels des Jeux et les recettes liées à la vente de ces droits représentent désormais 47 % des revenus du Comité International Olympique (CIO). Le CSA note d’ailleurs que plus un éditeur dépense pour acquérir les droits de retransmission des Jeux, plus les chances que la programmation des compétitions majeures corresponde aux horaires de grande écoute de cet éditeur augmentent, comme c’était le cas pour NBC qui avait contribué à la programmation des Jeux de Rio en 2016 à hauteur de 1,28 milliard de dollars.

Question rentabilité cependant, les recettes publicitaires générées « ne dépassent que très rarement le montant des droits investi » et les dépenses de production des chaînes, et les Jeux olympiques « semblent de moins en moins rentables pour France Télévisions », note le CSA. En témoignent les recettes brutes publicitaires liées aux Jeux de Londres, qui ont atteint les 12 millions d’euros, et restent très éloignés du montant dépensé par le groupe public pour s’approprier les droits (les estimations oscillent entre 45 et 90 millions selon les sources).

Concernant les Jeux olympiques de Paris de 2024, le groupe américain Discovery Communications (Eurosport notamment) avait annoncé en 2015 avoir acheté l’intégralité des droits de diffusion en Europe de l’évènement et discuterait d’une revente des droits avec plusieurs chaînes. D’après Les Echos, le prix de base serait fixé à 150 millions d’euros…  Comme le rappelle le CSA dans son étude, le groupe Discovery est contraint par le décret n°2004-1392 relatif aux événements d’importance majeure de proposer à la vente les droits concernant ces compétitions à une chaîne de télévision gratuite.

France Télévisions et TF1 sont intéressées, « mais pas à n’importe quel prix ». D’après le CSA cependant, une inflation des droits de diffusion sur la télévision gratuite « est à attendre ». Il rappelle aussi que Discovery « pourrait décider de vendre ses droits en clair par lots en isolant les cérémonies d’ouverture et de clôture, les épreuves attractives et les sports collectifs », et pourrait même décider de vendre un lot « mobile », comme il l’a fait en Italie pour les Jeux de 2018 et 2020 avec TIM.

Enfin, après l’analyse des 27 contributions à sa consultation publique sur l’avenir de la TNT, pour laquelle le Conseil finalise en ce moment la synthèse des réponses, le régulateur affirme que les Jeux de 2024 de Paris « pourraient être un moteur essentiel de l’évolution de la plateforme TNT compte tenu de l’attractivité particulière de la diffusion des contenus sportifs en Ultra Haute-Définition ». Si les éditeurs présents sur la plateforme veulent résister à une éventuelle offensive des géants du Net d’ici à 2024, une TNT nouvelle génération (4K, contraste HDR…) pourrait être un élément de réponse.

>> Legal insight n° 112